Renault Mégane Coupé 2.0 TCe 180 ch

 

 

Plutôt (très) consensuel sur ses dernières productions, Renault semble réveiller son originalité sur ses modèles à vocation sportive. Après la Twingo RS et la Laguna Coupé, c'est le cas aujourd'hui de la Mégane 3, enfin séduisante en version Coupé. Un sentiment corroboré par la présence d'un 2.0 turbo "plein" à tous les régimes et d'un châssis dynamique à souhait. Sans doute pas le choix de la raison, mais assurément la Mégane 3 la plus aboutie...

Contrairement à la génération précédente, Renault a cette fois souhaité marquer une vraie différenciation entre les versions berline et coupé de sa Mégane 3. En faisant clairement le pari du conformisme pour la première nommée , et au contraire du dynamisme à outrance pour la seconde. A l'instar du Coupé Laguna, la Mégane Coupé affirme ainsi une vraie personnalité, ce petit supplément d'âme qui fait justement défaut à son homologue berline.

Comme la berline… la gueule en plus !

Du coup, on lui pardonnera aisément ses quelques errements, comme la note de chrome encerclant les écopes à l'avant, davantage digne du Paris Tuning Show que d'un modèle de série. Mais au moins a-t-elle le mérite d'assumer ses velléités. Et on ne lui en voudra pas, puisque c'est quasiment la seule chose qui évolue au niveau de la proue !

Le changement est nettement plus marqué de profil, très arqué, mais surtout à l'arrière, ultra-agressif et qui constitue le principal legs du concept éponyme dévoilé à Genève en mars dernier. Du plaisir pour les yeux... un peu moins pour le conducteur contraint de composer avec une visibilité de ¾ arrière quasi nulle. Il n'empêche : ainsi grée, la Mégane Coupé apparaît enfin des plus désirables. Et c'est bien tout ce qu'on lui demande, car pour le reste, la compacte au Losange n'a absolument rien à envier à quiconque.

Ainsi, l'habitacle ne change guère de celui -fort inspiré- de la berline, adoptant seulement une ambiance naturellement plus sombre et des inserts ton alu, pour gagner en sportivité. Tout aussi logique, l'arrivée de sièges baquet plus enveloppants vient renforcer la maintien latéral.

A l'arrière, il n'y a pas forcément moins de place que sur la berline... mais la garde au sol est moindre et surtout le sentiment de confinement beaucoup plus palpable. Claustrophobes s'abstenir... Moins bien loti que celui de la berline, le coffre affiche tout de même 377 l. disponibles, un chiffre plus que respectable sur le segment (292 l. pour le VW Scirocco).

Un moteur tout feu tout flamme

Venons-en maintenant à l'autre valeur ajoutée de ce coupé, son moteur. Lors de l'annonce de ses tarifs, nous avions évoqué le cas de ce moteur 2.0 TCe, comme un coup de cœur potentiel. Un bloc nettement plus puissant (180 ch) mais surtout beaucoup moins cher à l'achat (- 1.450 € à finition égale) que son homologue Diesel 1.9 dCi 130 ch.

Le résultat sur la route a été à la hauteur de nos espérances, et même au-delà. Puissant, coupleux avec pas moins de 300 Nm dès 2.250 tr/min, ce 2.0 turbo brille également par sa souplesse (nous avons tenu sans hoquetement un petit 10 km/h en 2ème !) mais surtout il grimpe très haut dans les tours, distillant sa puissance de manière régulière et ininterrompue jusqu'au rupteur situé à... 6.000 tr/min. De quoi profiter de belles sensations en dépit d'un caractère plus linéaire que vraiment rageur et d'une sonorité assez quelconque ; mais surtout de quoi attendre avec une réelle impatience la version revue et corrigée par Renault Sport.

Mais revenons au coupé. Par rapport à la berline, elle bénéficie en sus d'un châssis spécifique, celui de la berline optimisé pour l'occasion avec une suspension raidie, des amortisseurs plus tarés, et une assiette rabaissée de 12 mm. Déjà irréprochable sur la berline, le comportement s'en retrouve encore optimisé et offre un dynamisme de tout premier ordre.

Pas joueuse pour un sou, mais bluffante d'efficacité, la Mégane Coupé enroule les virages avec une facilité déconcertante, même à rythme élevé. Un sentiment d'aisance qui ferait presque regretter la présence de la boîte manuelle à 6 rapports —pourtant elle aussi irréprochable— au profit d'une transmission robotisée de type DSG dotée de palettes au volant... Histoire de se prendre (un peu) pour ce que l'on n'est pas vraiment !

Quant au confort, un peu moins souple que d'ordinaire sur la berline, il est ici carrément ferme et les jantes Sari de 17" n'arrangent pas les choses. Mais là encore, le but d'un modèle dit sportif n'est-il pas d'offrir l'agrément le plus dynamique possible ?

Appelez-moi Coupé !

Devenu un véhicule à part entière dans la gamme Mégane, le Coupé a désormais droit à un traitement en conséquence : à l'inverse de la Mégane 2 vendue 450 € moins chère en 3p., sa vocation sportive se traduit ici par un surcoût à l'achat de 1.900 € par rapport à la berline.

Ajoutons-y un supplément écologique de 750 euros (178 g/km de CO2), et une consommation forcément revue à la hausse, selon que vous ayez le pied léger... ou pas (7,6 l/100 km annoncés en cycle mixte, entre 9 et 10 l. durant notre Essai en mode normal, mais près de 15 l. en conduite sportive), et vous comprendrez que la vie quotidienne en Coupé essence 180 ch n'est pas tout à fait la même qu'en berline Diesel. Y compris au niveau de l'équipement, plus complet que la berline dès la version d'entrée de gamme (le TCe n'étant disponible qu'à partir du 2ème niveau de finition Dynamique). Ca tombe bien, c'est précisément pour cela que les deux vont coexister.

Si la proportion devrait largement tourner à l'avantage de la 5 portes, nul doute que la Mégane Coupé aura son mot à dire sur le segment en friche des coupés généralistes, aux côtés des Volvo C30 et autre Volkswagen Scirocco 2.0 TSI 200 ch, plus onéreux (à partir de 27.700 euros pour l'allemand, contre 23.750 € pour le français) mais pas forcément plus sympathiques à conduire.

Par Jean-Philippe Jourdan

Publié le Vendredi 21 Novembre 2008 à 11h06

 




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